Retour à la case départ

Retour à la case départ

Vidéo en lien avec l’article : Le (faux) départ.

L’aventure c’est en quelque sorte un jeu non ?!

Post départ

Nous voilà sur la mer méditerranée, voguant de mouillage en mouillage pour rejoindre tranquillement le détroit de Gibraltar. Suite à notre départ nous faisons deux mouillages sur la côte et décidons de partir pour les Baléares le jeudi 1er octobre 2020. Une navigation d’environ 140 milles nautiques nous sépare de l’île de Minorque depuis la Badia de Guillola (Espagne), soit environ 24 heures de navigation. Il y a une fenêtre météo qui se présente, mais celle-ci reste courte, nous décidons quand même de partir. Une trajectoire initiale était prévue par rapport aux bascules de vent, mais que nous n’avons pas respecté sur le moment. Comme dit Patrice: « nous sommes toujours tentés d’aller au plus court », ce qui n’est pas forcément la bonne option. Plus nous nous rapprochons des îles Baléares, plus la mer se forme. La mer est forte contrairement au vent qui souffle à 10, puis 15 noeuds. Niue avance au près difficilement et nous décidons d’appuyer au moteur. Il se fait régulièrement recouvrir d’eau.

Ça chauffe à bord de Niue

Début de nuit intense à bord de Niue, alors que les vagues s’agitent dans tous les sens autant que notre estomac, notre alarme incendie de la cale moteur tribord se fait entendre dans le brouhaha incessant de cette mer agitée. Nous sommes alors à 20 milles nautiques de Minorque. Cette alarme me fait surpassé mon mal de mer et je rejoins Patrice dans le cockpit. Je vois son inquiétude dans ses yeux. Notre cerveau rentre en ébullition, en quelques secondes nous décidons de couper les batteries. Je me rends dans notre cabine, une odeur importante s’y dégage qui fait augmenter les battements de mon cœur encore un peu plus. En revenant dans le cockpit, je prend l’extincteur, le dégoupille et nous décidons ensemble d’ouvrir la cale moteur. A l’intérieur se trouve un extincteur à déclenchement automatique, nous partons du principe que celui-là a dû se déclencher.

Dans cette agitation, nous pensons à nos enfants. Je vois notre fils guigner par dessus la table du carré, je ne serais pas vous dire si son regard était empli d’inquiétude ou d’interrogation. Je prend le temps de le rassurer et de lui expliquer brièvement la situation.

En ouvrant la cale, l’odeur et la fumée sont importantes, mais aucune flamme n’est visible. L’extincteur ne s’est pas déclenché. Le moteur tourne, bien que le tableau de commande moteur soit éteint. Patrice coupe l’arrivée de gazoil pour l’éteindre, puis il fini par l’étouffer avec un chiffon.

Incompréhension

Les choses se sont passées très vite. Sur le coup, nous pensons que le moteur a eu un problème de refroidissement et qu’il a chauffé. Patrice, les larmes au yeux, s’excuse de ce qui s’est passé. Sur le moment, il pense que les choses sont de sa faute, il n’arrive pas à prendre du recul. Il s’imagine sortir le bateau de l’eau, devoir changer le moteur avec tout ce que cela implique en terme de coût et de temps. Il s’excuse d’avoir »tout gâché », d’avoir mis un terme à notre rêve. A ce moment précis, la mer a eu raison de lui, de sa force mentale. Elle l’a mis a nu. Sans nul doute il en ressortira encore plus fort, mais est-ce possible d’être encore plus fort de ce qu’il l’est déjà ?

Retour à Canet-en-Roussillon

Nous voilà avec un moteur hors service, nous prenons la décision de faire demi-tour et de rentrer réparer le moteur au Chantier Catana. Oui nous n’étions qu’à 20 milles des côtes mais la mer pour y arriver n’était pas clémente. Nous appréhendions également l’entrée au port avec un seul moteur. La part d’inconnu de revenir à Canet-en-Roussillon était largement moins grande. Nous avons pris contact avec le chantier, expliqué notre avarie et le choix de revenir au chantier.

Nous avons été très touché par le soutien de Joachim lors de notre retour sur Canet. Il a été présent tout au long de notre retour par message, ainsi qu’à notre arrivée dans le port. Merci également à Will d’avoir été là. C’est dans ces moments là que nous savons sur qui nous pouvons avoir confiance.

Pour tester le bateau rien de mieux que 50 nœuds

Décision prise de revenir sur notre sillage, c’est bien, mais entre temps les fichiers météorologiques ont changé et la méditerranée fidèle à sa réputation, s’est montrée plutôt donneuse de leçon.

Nous avons donc atteint des vents de 50 nœuds avec des vagues d’environ 4 mètres. Niue ainsi que son équipage ont été malmenés, mais nous avons tous tenu bon. Peur, fatigue, culpabilité, attente, joie, nausées, agacement. Nous avons beaucoup appris sur Niue en peu de temps et cela nous rendra que plus fort pour les milles à venir.

Nous avions prévu de faire un aller-retour aux îles Baléares pour tester le bateau et apprendre de lui, mais faute de temps et impatient de partir nous ne l’avons pas fait. Maintenant c’est chose faite !

Avaries

Le bateau testé dans 50 nœuds cela permet d’avoir un bon aperçu du navire, beaucoup de problèmes ont resurgi :

  • Notre problème de moteur s’est révélé être dû à l’alternateur, celui-ci a brûlé suite à des projections d’eau de mer. En effet, les deux cales moteurs ne sont pas suffisamment étanches.
  • Des pompes de cale pas fixé à l’endroit le plus judicieux.
  • La présence de diverses fuites d’eau au niveau d’un hublot, de taquets et du portique.
  • Les poignées de la trappe de survie n’ont pas résisté aux vagues qui viennent taper sous la nacelle.
  • De l’eau dans les fonds de coque.

Nous avons également repéré des petits trous dans la grande voile, puis le maître voilier a mis en évidence des faiblesses au niveau des goussets de lattes (protection anti-ragage en sangle à ajouter) et du nerf de chute à changer. Nous profitons de cet arrêt pour optimiser le bateau.

Pour couronner le tout, notre moteur bâbord ne tournait pas rond. Le motoriste (merci François pour son expertise et sa gentillesse) s’est aperçu que le carburant pris au Port de Canet-en-Roussillon était de mauvaise qualité et contenait de l’eau, ce qui nous valu le remplacement d’un injecteur et la vidange de nos deux cuves.

Un temps pour méditer :

Rien n’arrive par hasard. Chaque évènement a sa raison.